Des œuvres et des expositions de Wharol, j’en ai vu beaucoup! Des textes théoriques portant sur son travail, j’en ai lu trop! Ayant vécu à New-York, il y a de ça quelques années, je me suis rapidement familiarisée avec son travail, mais aussi avec les grandes affirmations habituelles de chacun (commissaires d’exposition et critiques d’art comme spectateurs) sur l’ensemble de son « œuvre de vie » qui se résume souvent en quelques mots-clés (Artiste-vedette, Pop Art, art comme vie, art comme industrie, art comme concept). Ce n’est pas sans un certain scepticisme que je suis allée voir l’exposition « Wharol Live : La musique et la danse dans l’oeuvre d’Andy Wharol » au Musée des beaux-arts de Montréal. Un scepticisme quant à la possibilité de sortir de ces grandes affirmations qui nous empêchent, plus souvent qu’autrement, de regarder les œuvres. Bien que l’exposition, comme tous les expositions « trendy » du MBAM, terminent le parcours dans le magasin du Musée -ce qui s’interprète aisément comme : le but de l’exposition, c’est de faire de l’argent- il y avait là quelque chose qui relève de l’atmosphère de la figure d’Andy Wharol. Je ne suis absolument pas fascinée par la manière dont les commissaires ont articulé le rapport de la musique et de la danse au travail de Wharol, parce qu’après tout, malgré les textes accompagnateurs, ça reste un peu à l’arrière-plan. Évidemment, on a sélectionné les œuvres sans doute les plus éloquentes pour le thème et le parcours en est intéressant, mais le thème demeure plus un prétexte qu’un angle d’approche. Il fallait bien trouver un sujet pour regrouper quelques œuvres provenant d’un si vaste corpus. Si on regarde le travail d’Andy Wharol, on s’aperçoit rapidement que c’est un thème fourre-tout, comme l’a été le thème de « village global » il y a quelques années.
Je parlais de l’atmosphère…En visitant l’exposition, j’ai rapidement trouvé une zone de confort, -ils sont bons là-dedans les commissaires du MBAM- j’étais, à en pas douter, dans l’univers de Wharol, celui que je connais. Mais je dois dire que l’éclairage, les couleurs des murs arrimées au couleurs pimpantes des toiles de Wharol et l’agencement général des salles étaient vraiment extraordinaires. Environ dans une salle sur deux, on pouvait entendre de la musique. Dans l’une d’entre elles, les spectateurs étaient étendus sur des coussins au centre de la salle. Il y avait des projections sur tous les murs, un stroboscope et autres effets optiques. Enfin, il y avait de l’ambiance. Autrement dit, passer une partie de son vendredi soir au MBAM en ce moment, ça peut être chouette. Décidant de me laisser prendre par ce parcours sensoriel, j’expérimentais en quelque sorte l’atmosphère de la figure d’Andy Wharol, enfin, sa constellation sémiotique. Sa présence y était palpable en même temps qu’insaisissable jusque dans la « poudre habilement jetée aux yeux des spectateurs », cette manière d’engendrer un événement -d’ailleurs on l’appelle une « exposition-événement »- tape-à-l’œil. La figure est ambiante, elle s’impose dans les couleurs, le mouvement et les matières sonores. C’est donc le Wharol Live -première partie du titre de l’exposition- qui a retenu mon attention!